
Photographie © JPB
Construction emblématique du patrimoine ferroviaire, le pont du Cholet est l’un des rares témoignages du tramway reliant Bourg-de-Péage à Sainte-Eulalie-en-Royans et du développement du chemin de fer dans la Drôme. L’état actuel du pont, fermé depuis 2017, amène les collectivités à s’interroger sur son devenir : démolition, création d’une passerelle ou restauration ? Cet article (*) résume l’histoire de ce pont, rappelle le contexte de sa construction et donne un bref aperçu des différents enjeux actuels.
Auteur :
Q+E (Chrystele Burgard)
Pont du Cholet
La ligne Bourg-de-Péage/Sainte-Eulalie-en-Royans et le chemin de fer dans la Drôme
(*) qui a fonctionné entre 1901 et 1931. D’une longueur de 40 kms, ponctuée de ponts-routes et de viaducs, la ligne dessert les villes : Bourg-de-Péage – Romans – L’Ecancière – La Baume d’Hostun – Saint-Nazaire-en-Royans – Saint-Thomas-en-Royans – Saint-Jean-en-Royans – Saint-Laurent-en-Royans – Sainte-Eulalie-en-Royans. En 1904, elle est prolongée jusqu’au Pont du Foulon afin de desservir Pont-en-Royans côté Isère, puis elle est désaffectée en 1931.
(*), puis les départements, dont la Drôme qui, dès 1893, se couvre d’un réseau ferroviaire reliant les petites communes à partir des grandes villes de la vallée du Rhône et de la ligne de train P.L.M. (Paris-Lyon-Méditerranée) ou bien à partir des villes moyennes situées à l’intérieur du département.
(*), Montélimar – Dieulefit (*), Tain-l’Hermitage – Romans (*), Valence – Chabeuil (*), Clérieux – Saint-Donat (*), Chabeuil – Bourg-de-Péage (*). Construit en particulier pour des raisons économiques (transport du bois), un second réseau est réalisé entre 1901 et 1908 entre les villes : Bourg de Péage – Sainte-Eulalie-en-Royans (*), Pont-de-Quart – Châtillon-en-Diois (*), Valence – Crest (*), Bourg de Péage – Romans (*).
Ce réseau est exploité par la Compagnie des chemins de fer de la Drôme créée en 1891 dont le rôle était la construction et l’exploitation d’un réseau de tramways à traction de locomotive pour le transport de voyageurs et de marchandises ; puis par la Régie des chemins de fer de la Drôme. Aujourd’hui, le pont fait partie du réseau routier départemental responsable de l’entretien ; aussi le Département de la Drôme, propriétaire, s’interroge sur son devenir avec les autres collectivités locales.

St-Laurent-en-Royans – Pont métallique sur le Cholet à l’usage de chemin de fer du C. D.
La construction du pont du Cholet
Entre Saint-Jean-en-Royans et Saint-Laurent-en-Royans, le pont de « type Eiffel » – permettant le passage du tramway à vapeur au-dessus de la rivière du Cholet – est édifié dans les années 1890. D’une longueur de 97,40 m. et d’une hauteur de 29,50 m., ce viaduc comprend un tablier métallique de 55,25 m., composé de poutres latérales en treillis rivetées (probablement en fer puddlé comme la structure de la tour Eiffel). Le tablier repose sur deux culées en maçonnerie, l’une de deux arches côté Saint-Laurent, l’autre d’une arche côté Saint-Jean. La construction du pont est confiée aux Entreprises IMBERT Frères de Saint-Chamond (Loire) spécialisées dans la fabrication des pièces métalliques rivetées.
Un enjeu patrimonial majeur
Le pont du Cholet est un ouvrage d’art remarquable par son histoire, sa technique et son intégration à l’environnement. S’il est remarquable à l’échelle de la Drôme, il l’est également à l’échelle régionale et nationale. En effet, il est emblématique de la naissance du chemin de fer et d’un nouveau mode de locomotion qui a marqué l’histoire par des innovations techniques majeures en matière de force motrice, par l’apparition de nouveaux métiers et pratiques sociales. Il a modifié notre manière d’appréhender le territoire et le temps et a bouleversé l’espace par la construction d’infrastructures et d’ouvrages d’art.
Un enjeu social, économique et touristique
La démolition, « une décision de facilité » ?
La restauration du pont s’inscrirait totalement dans les orientations du Département de la Drôme : « Développement durable », « aménagements ʺraisonnésʺ et respectueux de ses patrimoines » ; alors que le choix de sa démolition fait écho au point de vue des architectes Anne Lacaton et Jean-Philippe Vassal lauréats du Prix Pritzker :« La démolition est une décision de facilité et de court terme. C’est un gaspillage de beaucoup de choses – un gaspillage d’énergie, un gaspillage de matériaux, et un gaspillage d’histoire. En outre, il a un impact social très négatif. Pour nous, c’est un acte de violence ».
Bibliographie
– Histoire de ponts, Revue drômoise, n° 575, mars 2020.
– Danielle Blanc-Bérard, Christian Maurel, « Le pont du tram. Au seuil de Combe Laval »,
Revue drômoise, n° 575, mars 2020, p. 42-46.
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