Histoire et modernité

d’une chapelle

La chapelle de l’Ehpad Sainte-Germaine (Valence)

En 1975, l’architecte Michel Joulie restructure la chapelle de l’ « Asile pour personnes âgées démunies » des Petites Sœurs des Pauvres, construite à Valence (26) en 1875 par l’architecte Pierre-Marie Bossan (architecte de la basilique de Fourvière). Michel Joulie y détruit les voûtes en ogives afin de créer un étage pour aménager de nouvelles chambres. Pour cela, il crée une puissante structure en béton, conserve les murs en pierre, y inscrit de longs vitraux abstraits qui transforment la lumière de la chapelle.

Auteure :
Chantal Burgard

Une histoire oubliée. Situation et rappel historique

Marquée par la nécessité d’accueillir des personnes âgées démunies, par les guerres et par le rôle de l’église catholique valentinoise, ce lieu s’inscrit dans l’histoire sociale de Valence.

L’Ehpad Sainte-Germaine, anciennement Maison des Petites Sœurs des Pauvres, se situe 26, rue Christophe Colomb à Valence (26) dans le quartier Châteauvert situé près de la place de la Paix.

Plan de situation, 2020 © Géoportail

Selon Viviane Rageau, le chanoine Didelot souhaite en 1863 construire un asile afin de répondre aux besoins grandissants d’accueil pour les personnes âgées sans ressources.
En octobre 1867, les premiers « vieillards » sont accueillis dans un asile qui comporte des espaces communs et des dortoirs.
En 1870/1871, l’asile fait office d’hôpital militaire en raison du grand nombre de blessés de la guerre franco-prussienne. En1873, le nombre de pensionnaires atteindra 60 (*).
En 1875 la chapelle, devenue trop petite, est agrandie par l’architecte Pierre-Marie Bossan (1814-1888). Il est l’architecte de la basilique Notre-Dame de Fourvière et de l’église de pèlerinage de Lalouvesc en Ardèche « défendant invariablement l’idée d’une union des arts » comme le précise Philippe Dufieux .

Basilique Saint-Régis de Lalouvesc © Wikipedia / François Bassaget

A ce jour, on dispose de peu de sources attestant que c’est Pierre-Marie Bossan qui a construit l’ensemble de l’asile. Cependant, plusieurs documents mentionnent que la chapelle est son œuvre. En 1863, Bossan créée une école d’art religieux à Valence, qu’il dirigera aux côtés de Joannis Rey avant de lui laisser sa place en 1871.
La construction de la chapelle est financée par souscription (*). A lieu en 1877, la bénédiction de la chapelle par Mgr Cotton, évêque de Valence (*).
En 1914, la maison est évacuée et réquisitionnée pour accueillir les soldats atteints de maladies contagieuses. Elle rouvre en 1919.
En 1944, l’asile accueille des personnes âgées évacuées de Toulon et Lyon. Le 29 août un bombardement endommage la toiture, des cloisons. Plusieurs résidents doivent être évacués.

Après-guerre, le bâtiment initial va connaître une succession de modifications et d’extensions liées à la demande croissante d’accueil de personnes âgées et aux nouvelles normes de sécurité incendie, d’accessibilité, d’hygiène et de confort.
En 1950, l’asile pour personnes âgées démunies » des Petites Sœurs des Pauvres, proche de la Place de la Paix se situe dans un quartier encore peu dense où se mêlent jardins vergers et potagers.
Dès les années 1960, l’architecte Michel Joulie (1915-2014) intervient sur l’ensemble de l’asile.
En 1962, il aménage dans l’annexe existante, la buanderie, la chaufferie et 5 chambres supplémentaires à l’étage (*).
En mars 1964, un nouveau PC est accordé en 1965, en vue d’aménager 12 chambres dans les combles de l’aile centrale ainsi que 2 séjours et 2 greniers (*).
En mai 1964, Michel Joulie dépose un Permis de Construire pour la construction d’un monte-malade contre l’aile nord-ouest (*).
En 1965, un PC est accordé, pour un « pavillon » de ménages comportant 20 chambres (40lits), confortables avec salle de bains privative, placards, passe-plat… etc. (*) et locaux de soins, ascenseur et espaces communs. Il sera inauguré en 1967 (*). En 1980, Michel Joulie en modifiera les façades.

En 1968, un PC est déposé par M. Joulie afin d’aménager les 1er et 2ème étages et de surélever la lingerie sur 3 étages pour y créer 27 chambres (*). En 1967, on compte alors 94 résidents et 15 « petites sœurs » à leur service de 9 nationalités différentes (*). En 1969, M. Joulie dépose un nouveau PC pour la rénovation de la chapelle et y aménager 11 chambres supplémentaires (*).

En 2010, partent les dernières sœurs. L’établissement devient alors l’EHPAD Sainte-Germaine, créée par l’association Géronvie (*). L’Evêque de Valence Jean-Christophe Laglaize a alors donné à la chapelle le nom de Ste Jeanne Jugan (1792-1879), fondatrice de la Congrégation.

Plan de situation du PC, 1969 © Archives de Valence (2400W 319)

En 1971, l’architecture de la chapelle du XIXe siècle est entièrement transformée.

• Contexte social et liturgique

L’urgence des besoins d’hébergement des personnes âgées et le renouveau de la pensée catholique conduisent l’architecte à transformer radicalement la chapelle. La modernité prend alors place, la mémoire s’efface.

  • Vingt cinq ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, il fallait encore répondre à l’urgence des besoins d’hébergement des personnes âgées démunies.

Dans la société industrielle de la fin du XIXe siècle, les hospices se sont développés : « Les familles ouvrières n’avaient pas les moyens matériels d’accueillir ceux qui ne pouvaient plus ramener leur salaire à la maison, sans pour autant avoir la possibilité de prendre un logement individuel »(*).
Puis avec l’exode rural et l’urbanisation, la cohabitation des personnes âgées en famille disparaît peu à peu. Le recul des solidarités familiales, l’accès à des pensions de retraite a amené : « L’ouverture d’une première génération de maison de retraite dans les années 60. Ces établissements avaient vocation à proposer une alternative aux personnes âgées rebutées par le milieu « hospicial » perçu comme asilaire et assistanciel et destiné essentiellement aux vieillards indigents et abandonnés ou « incurables ». […] Ces premières maisons de retraite ont été créées à l’initiative soit des congrégations religieuses soucieuses d’évoluer par rapport à la tradition des œuvres hospitalières ou philanthropiques dont elles assuraient traditionnellement la gestion, soit des hôpitaux publics eux-mêmes désirant s’extraire de la gestion des seuls hospices, soit des caisses de retraite » (*).
Ce n’est qu’en 1975, « que la loi a donné un délai de dix ans aux pouvoirs publics pour assurer la transformation des hospices en maisons de retraite, médicalisées ou non. Il aura fallu près de 30 ans pour réaliser cet objectif, avec la création des EHPAD en 2002 ». C’est en août 2010, que le départ de la congrégation des Petite Sœurs des Pauvres va permettre la création de l’Ehpad Sainte-Germaine.

  • Après-guerre, la pensée architecturale religieuse s’affranchit de la tradition.

Avant la Seconde Guerre mondiale, les architectes du mouvement moderne se sont peu attelés au renouveau de l’architecture religieuse. Cependant, l’église Notre-Dame du Raincy (construite en 1923 par Auguste Perret avec une structure en béton et des claustras vitrées ajourées) et l’église Notre-Dame du plateau d’Assy en Haute-Savoie (construite entre 1937 et 1946 par l’architecte Maurice Novarina où de nombreux artistes ont collaboré) sont devenues des œuvres emblématiques de l’architecture religieuse.
Dès l’après-guerre, le renouvellement de l’esprit des lieux de rassemblement et de prière s’est imposé. Tâche à laquelle s’est attelée une nouvelle génération d’architectes du mouvement moderne.
Après le traumatisme de la guerre, un retour aux sources du christianisme et l’adaptation de l’Eglise catholique au monde moderne ont été l’objet de débats et de réflexions. C’est cette volonté impulsée par Jean XXIII, qui aboutira au Concile œcuménique de Vatican II en 1962 (abandon du latin dans la liturgie, dialogue interreligieux, plus grande participation des laïcs à la messe, une église comme lieu de rassemblement de la communauté autour de l’autel).
La revue de l’art religieux catholique, « L’art Sacré » (1935 à 1969), sous la direction des pères dominicains Pie Regamey et Marie-Alain Couturier, a vigoureusement œuvré pour le renouveau de l’architecture religieuse et des œuvres d’art sacré. Selon Françoise Caussé, ce fut un « Lieu de débats permanent » : « Traversée par les principaux débats artistiques de son temps, elle a ouvert ses colonnes aux artistes, aux critiques et aux historiens […] elle considérait l’église comme un tout organique et cohérent et elle s’intéressa avec la même rigueur et le même niveau d’exigence à son architecture et à tout ce qui y entrait, des moindres objets liturgiques aux décors les plus importants » (*).
« L’aspect dépouillé de l’art contemporain, son recours à des moyens pauvres, la recherche de vérité dans l’architecture par l’affirmation des structures, la simplification des formes liée aux nécessités des nouveaux matériaux, le discrédit, jeté sur le décor gratuit : toutes ses orientations furent interprétées comme des équivalents plastiques de la spiritualité de pauvreté » (*).
Selon Isabelle Saint-Martin (*), par sa réflexion critique et la diffusion en particulier de photographies, la revue a eu « un rôle essentiel dans la construction de références esthétiques et la diffusion de modèles ».

Revues « L’Art Sacré »

Après la Seconde Guerre mondiale, l’architecture des églises due à des architectes liés au mouvement moderne s’exprime donc par des plans plus centrés, des espaces dépouillés et lumineux, ainsi que par un renouveau des vitraux et des arts liturgiques.

Cependant, il n’y a pas de modèle mais il y a des chefs-d’œuvre iconiques reconnus par le monde entier, dont en France la chapelle du couvent des Dominicaines à Vence construite par Auguste Perret (1949-1951) à laquelle participa Matisse, la chapelle de Ronchamp (1945-1954) et le couvent de la Tourette (1955-1960) construits par Le Corbusier, et aussi tout un patrimoine religieux d’après-guerre remarquable dans les régions meurtries par la guerre, comme l’Alsace et la Lorraine, la côte atlantique, etc.

Dans la vallée du Rhône, suite aux destructions de la Seconde Guerre mondiale, certains édifices religieux ont été reconstruits, telles l’église du Pouzin labellisée « Patrimoine du XXe siècle» et la chapelle de la Visitation dans le quartier Belle Image à Valence. Relativement modestes, ils témoignent de l’engagement d’architectes ouverts au monde, à sa modernité, comme Maurice Biny, Georges Bovet et Michel Joulie.

En 1956, l’architecte Michel Joulie (1915-2014) a déjà construit l’église Sainte-Catherine Labouré à Valence, dans un esprit résolument « moderne », fonctionnaliste et épuré. Elève de l’atelier Paul Bigot puis de celui d’Auguste Perret, diplômé de l’Ecole des Beaux Arts en 1946, il s’est attelé à des domaines très variés, aussi bien domestique qu’hospitalier, industriel ou commercial.

Eglise Sainte-Catherine Labouré à Valence © C. Burgard

• Une rénovation dans un esprit de modernité

Marquée par sa puissante ossature en béton et l’esthétique de ses vitraux, la chapelle surprend par sa singularité et son langage épuré.

Vue de la tribune © JP. Bos

La présence des murs en pierre, matériau traditionnel peu utilisé par les « modernes », interroge.
En les observant attentivement, les murs semblent être les vestiges d’une construction plus ancienne. Ce que confirment les plans du Permis de construire de 1969 et autres documents consultés aux Archives Communales et Communautaires de Valence : la chapelle construite en 1875 par Pierre-Marie Bossan (1814-1888), a été transformée en 1971, afin d’aménager des chambres à l’intérieur de son volume en le surbaissant. Grâce à ces plans, on peut percevoir les éléments architecturaux de la chapelle d’origine, dont les voûtes en ogives dont il ne reste plus aucune trace. Seuls quelques encadrements en pierre subsistent, à peine visibles ainsi que les fenêtres en hauteur conservées sous le faux plafond.

Projet de rénovation de la chapelle, coupes actuelle et projetée © Archives de Valence (2400W 319)
Projet de rénovation de la chapelle, coupe longitudinale © Archives de Valence (2400W 319)

En mars 1971, le Permis de Construire (déposé en 1969) est enfin accordé pour rénover la chapelle et créer un étage dans le volume de la chapelle afin d’aménager 11 nouvelles chambres individuelles. Dans le projet, elles sont desservies par les dortoirs du corps principal. Après de longues négociations avec le Centre de secours, la création au sud d’un escalier extérieur a été exigée pour évacuer les chambres du second étage.

Etat actuel des lieux, PC 1969 © Archives de Valence (2400W 319)

Selon la notice descriptive de l’architecte, « la création de 11 chambres est rendue possible par la grande hauteur de la chapelle actuelle : 11 m. à la clef de voûte. Il est fort possible de diminuer cette hauteur, la chapelle étant relativement étroite. Les proportions en resteront très satisfaisantes et l’utilisation en sera améliorée et plus conformes aux besoins actuels. Les voûtes légères en briques seront démolies et remplacées par un plancher en béton armé, laissant une hauteur utile pour la chapelle de 7,20 m. […] Le plancher à créer sur la chapelle sera en béton armé avec hourdis creux céramique. Sur la dalle de compression sera posée une isolation « feutrilège », une forme béton maigre, et un carrelage grès 10/10. Les murs pleins de la chapelle actuelle seront ouverts entre piliers, sur une hauteur de 2,50 m. Ces ouvertures recevront des dalles en verre et béton armé » (*).
Selon les plans du Permis de Construire, les parties au dessus des vitraux des murs latéraux devaient être habillées par des « lames de bois » en pans inclinés mais cachaient les fenêtres hautes. Ce qui n’a en fait pas été réalisé.
Afin de restructurer la chapelle, l’architecte détruit ses voûtes en ogives, crée dans son volume intérieur un plancher en béton, modifie les ouvertures des façades. Pour cela, il conçoit une puissante structure en béton, conserve les murs en pierre en étages, rajoute une sacristie et un escalier de secours extérieur.

Avant-projet de rénovation de la chapelle et du corps principal : Rez-de-chaussée, 1er et 2e étages © Archives de Valence (2400W 319)

La chapelle, d’une longueur de 19 m., 8 m. de largeur, 7 m. de hauteur, peut accueillir 124 personnes et 30 à la tribune.
Le chœur est surélevé de 2 marches, comme dans l’église Ste-Catherine Labouré ; l’autel est en pierres.
Un faux-plafond à pans inclinés est créé pour l’acoustique sur l’ensemble de la chapelle ainsi que sous la tribune.
Au dessus du chœur, il est incliné en pointes de diamant, une forme de couronnement de celui-ci.

Faux-plafond au-dessus du chœur et de la nef © JP. Bos
Faux-plafond au-dessus de la nef © JP. Bos
Faux-plafond au-dessus de la nef © JP. Bos
Détails du projet de PC de 1969, Rez-de-chaussée, 1er et 2e étages © Archives de Valence (2400W 319)

Cependant, à la suite de cette rénovation intérieure, les façades du projet de Michel Joulie bouleversent l’élan de la verticalité des baies du XIXe de P.M. Bossan. Bien qu’un rythme vertical, souligné par les contreforts conservés, subsiste, il est interrompu par les nouvelles ouvertures jumelées qui éclairent les chambres et qui forment un attique horizontal.
Malheureusement, des interventions ponctuelles d’isolation extérieure au niveau des chambres brouillent encore plus la lisibilité des façades.

Façade ouest avant travaux (détail) © Archives de Valence (2400W 319)
Projet d’aménagement de la façade ouest (détail) © Archives de Valence (2400W 235)
Façade actuelle ouest © JP. Bos

Au prix d’effacer l’histoire de la chapelle, l’architecte lui a offert, en réduisant son volume, un espace dépouillé, plus intime et lumineux.

• Les vitraux, une lumière vivante et symbolique

Vitraux de la façade ouest © JP. Bos

La sévérité des murs en pierre et du béton bouchardé, atténuée par la lumière scintillante des vitraux, créée une atmosphère de recueillement.
Depuis le Moyen Âge, le vitrail a un rôle spirituel et d’apport de lumière. Après la Seconde Guerre mondiale, avec d’autres esthétiques et techniques, de nombreux artistes ont renouvelé l’art du vitrail tels Matisse, Léger, Viera da Silva, Manessier, puis Viallat, Soulages etc.
Selon Claude Viallat « La lumière qui traverse le vitrail éclaire l’architecture. La façon dont l’architecture prend la couleur et la réverbère est pour moi source de spiritualité » (*).

Longeant de part et d’autre la nef, l’architecte les a inscrits de façon radicale entre poteaux et poutres en béton. D’un graphisme vigoureux, ils dialoguent avec la trame de la structure en béton, et amènent une lumière naturelle, vivante et colorée.

Projet d’aménagement de la chapelle de l’architecte M. Joulie, PC 1969, avec l’emplacement des vitraux © Archives de Valence (2400W 235)
Emplacement des vitraux, détail © Archives de Valence (2400W 235)

ls sont conçus et réalisés par le maître verrier Michel Thomas. Né en 1933, diplômé de l’Ecole d’Art de Valence, il fait partie d’une longue lignée de maîtres verriers, son grand-père ayant fondé l’atelier en 1875 à Valence.La réalisation des vitraux est fidèle à la maquette en papier peinte à la gouache et aquarelle, réalisée par Michel Thomas lui-même. Maquette tout de suite approuvée par l’architecte, avec qui il avait une relation amicale.

Selon Michel Thomas, la progression chromatique de ces bandeaux horizontaux de lumière guide symboliquement le regard vers le chœur : à l’entrée de la nef, une dominante bleue, puis des vitraux d’accompagnement plus calmes, dans des tonalités de jaune et vert, amènent vers le rouge, symbole du sacrifice du Christ.

Maquette des vitraux, progression du chœur vers l’entrée, Collection Thomas © JP. Bos
Esquisse et réalisation du vitrail Ouest à l’entrée de la chapelle © JP. Bos
Réalisation du vitrail Ouest à l’entrée de la chapelle © JP Bos

Les vitraux sont réalisés en dalles de verre serties de béton armé, une nouvelle technique de vitrail, lancée après-guerre par le maître verrier Gabriel Loire : un « renouveau » pour le vitrail, une technique plus économique, aux coupes simples », une technique utilisée pour les très nombreuses églises détruites pendant la Seconde Guerre mondiale.

Vitrail central de la façade est © JP. Bos
Vitrail haut © C. Burgard

Pour les 400 dalles de verre, environ 200 couleurs ont été utilisées. Plusieurs étapes se succèdent dans la fabrication des vitraux :
. Les dalles de verre fabriquées en usine sont choisies en fonction de la maquette par le maître verrier qui les complète avec celles du stock de son atelier.
. Puis sont réalisés en atelier des calibres numérotés (environ 400) de la taille exacte que devra avoir chaque morceau de dalle de verre.
. Sur le chantier, la mise en œuvre exige une grande vigilance.
. Positionnés en partie basse de la nef, ces bandeaux lumineux et colorés créent ainsi un espace propice au recueillement.

• Un mobilier minimaliste

Dans le même esprit de dépouillement, le mobilier en bois est simple et ingénieux.
Les 25 bancs, fonctionnels et ergonomiques, ont un système de chevilles qui permet le basculement pour la prière à genoux

Bancs de la nef © JP. Bos
Siège du choeur © JP. Bos

L’ensemble du mobilier liturgique prolonge la modernité du lieu avec des formes géométriques simples et des matériaux nobles : simple croix en bois portant le Christ dans le chœur, autel et table pour les hosties en pierre, tabernacle en pierres et bronze, chemin de croix en bronze et bois sous la tribune de part et d‘autre de la nef, deux sculptures aux lignes épurées du couple Suzanne et Jacques Hartmann.

Par son austérité, son dénuement et la force symbolique de ses vitraux, cette chapelle témoigne de la vigueur du mouvement moderne dans l’architecture religieuse après la Seconde Guerre mondiale.

Remerciements à l’EHPAD Sainte-Germaine de Valence pour son accueil.

Bibliographie
Françoise Caussé, La revue « L’ART SACRE ». Le Débat en France sur l’art et la religion (1945-1954), Les Editions du Cerf, 2010.
Alain Villez, « EHPAD. La crise des modèles », Gérontologie et société, Ed. Fondation nationale de gérontologie, 2007/4, vol. 30 / n° 123), p. 169-184.
Art sacré, Revue 303, n°163, 2020.

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2024-04-12T15:47:49+02:00
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