Deux architectures drômoises
du 20e siècle reconnues…

… par l’association DOCOMOMO France

A Valence, la piscine Tournesol de l’architecte Bernard Schoeller et à Romans-sur-Isère, l’usine Jourdan de l’architecte Michel Joulie viennent d’être reconnues par l’association DOCOMOMO France, pour la DOcumentation et la COnservation des édifices et sites du MOuvement Moderne. La reconnaissance de ces deux bâtiments du 20e siècle témoigne de leur intérêt architectural à l’échelle nationale et devrait interpeller les élus de la Drôme qui souhaitent leur destruction.

Auteur :
Q+E

La revue QUI+EST publiait deux articles de Chantal Burgard sur des bâtiments du 20e siècle menacés de démolition : l’un en 2021 « Focus sur l’extension de l’usine Jourdan (1957) » (n°1); l’autre en 2022 « La piscine Tournesol, une architecture ingénieuse et poétique à l’échelle de quartiers et de petites villes » (n°6) .

1 - La piscine Tournesol de l’architecte Bernard Schoeller à Valence, 1975 © Albert Cessieux
2 - L’usine Jourdan de l’architecte Michel Joulie à Romans-sur-Isère © Romans historique

Devant l’intérêt de ces deux constructions représentant l’architecture moderne et la menace de démolition pesant sur chacun, ils ont été soumis au conseil scientifique de l’association DOCOMOMO France afin d’évaluer objectivement leur valeur.
En juillet 2023, ils ont été acceptés et font dorénavant partie de l’inventaire en ligne répertoriant l’ensemble des édifices et sites urbains du Mouvement Moderne, entre les années 1880 et la fin des années 1960.
Tous les deux sont l’objet de fiches sur le site de DOCOMOMO France ; elles développent chacune l’historique du bâtiment, l’état actuel, les raisons justifiant la sélection en tant que bâtiment de valeur remarquable et universelle, les arguments justifiant le statut canonique (local, national, international), l’évaluation du bâtiment en tant qu’édifice de référence dans l’histoire de l’architecture, en relation avec les édifices comparables, la documentation.

L’association DOCOMOMO, pour la (re)connaissance du patrimoine 20e siècle 

Dans le cadre d’un réseau international de compétences, fédéré par l’ONG Docomomo International, l’association DOCOMOMO France est créée en 1991 et rassemble des historiens, architectes, étudiants, enseignants, professionnels du patrimoine, citoyens et, toutes personnes animées par leur engagement pour la valorisation et la protection de l’architecture, de l’urbanisme et des paysages du 20e siècle.

Elle a pour vocation :

  • « l’éveil de la conscience à la reconnaissance des valeurs du patrimoine architectural du XXe siècle, un héritage parfois mal considéré,
  • la constitution d’un inventaire du patrimoine accessible à tous, susceptible de servir de fondement objectif aux actions mises en œuvre,
  • l’organisation d’activités pédagogiques et éducatives pour avertir, guider et instruire le grand public,
  • le partage et la transmission des connaissances du patrimoine 20e siècle,
  • le lancement d’alertes lors de menaces de démolition d’édifices ou sites remarquables. »

La piscine Tournesol à Valence et l’usine Jourdan à Romans-sur-Isère intègrent désormais l’inventaire de DOCOMOMO France. En Auvergne-Rhône-Alpes, ces deux bâtiments rejoignent quatre autres édifices répertoriés : le Couvent Sainte-Marie de La Tourette de Le Corbusier à Eveux, la Maison de la Culture de Le Corbusier à Firminy, l’Eglise Notre-Dame de l’Espérance de Pierre Genton à Villeurbanne, le sanatorium Sabourin d’’Albéric Aubertà Clermont-Ferrand. En France, ils côtoient des édifices de célèbres architectes tels Auguste Perret, Jean Prouvé, Pierre Jeanneret, Georges-Henri Pingusson, Henri Colboc…

Quel avenir pour ces deux architectures drômoises du 20e siècle ?

L’état actuel désastreux de ces architectures laisse perplexe et questionne le positionnement politique, urbain et environnemental des collectivités qui veulent les démolir alors qu’il existe de nombreuses réhabilitations et rénovations exemplaires d’usines et de piscines en France et à l’étranger, avec souvent des changements de destination.

Pourquoi la piscine Tournesol, située dans le quartier de Fontbarlettes de Valence, ne retrouverait-elle pas sa fonction d’origine de piscine de quartier ou ne deviendrait-elle pas un équipement de loisirs ou encore une salle de sport en lien avec les cours de tennis à proximité ?

Pourquoi l’usine Jourdan, située à côté du centre ancien, ne serait-elle pas transformée en pôle culturel en y implantant la médiathèque ou/et le musée de la Chaussure – actuellement situé dans le couvent de la Visitation inadapté aux pratiques culturelles actuelles – en l’associant à des ateliers d’artisans ou d’artistes, dans l’esprit des musées-usines comme l’Atelier-musée du Chapeau à Chazelles-sur-Lyon ou la Cité de la Dentelle et de la Mode à Calais ?

3 - Etat actuel de la piscine Tournesol à Valence, 2023 © Richard Chambaud
4 - L’usine Jourdan à Romans-sur-Isère, 2023 © Richard Chambaud